Vous avez dit alchimie ?5 min read
Reading Time: 3 minutesQui peut se targuer de fasciner poètes, peintres, chimistes et mathématiciens ?
Vous avez dit alchimie ? Discipline carrefour, prémices de la chimie, fantaisie de l’esprit, mystères mathématiques… L’alchimie fascine et ne cesse encore aujourd’hui de faire couler de l’encre. Nous vous emmenons découvrir de nouvelles perspectives pour enrichir vos connaissances littéraires au lycée.
Le succès littéraire d’un alchimiste
En 1988, l’écrivain brésilien Paulo Coelho publiait son premier roman, L’Alchimiste. Ce court roman raconte l’histoire de Santiago, jeune berger espagnol, qui décide de partir en voyage après avoir fait un rêve décisif. Celui qui lui révélait l’existence d’un trésor caché au pied des pyramides d’Egypte. N’écoutant que son intuition, il part sur les routes du monde pour vérifier si son rêve a dit vrai. Il finira par rencontrer un alchimiste au cœur du désert qui le guidera dans sa quête. Et il est bien sûr hors de question de dévoiler la fin de cet exceptionnel roman s’il ne vous est pas encore passé entre les mains.
L’origine de toute chose
Puisant ses racines dans l’Antiquité, Hermès Trismégiste serait le premier grand alchimiste. Mais pourquoi donc ce qualificatif de « trismégiste » ? Hermès Trismégiste est la transcription grecque du dieu égyptien Thot, considéré comme « trois fois maître » puisqu’il serait à l’origine de tous les arts, de toutes les sciences, et de tous les écrits. Les alchimistes du Moyen Âge chercheront à leur tour dans l’alchimie une discipline qui leur permettrait de remonter à l’origine de toute chose. Ils étaient en quête de la panacée, c’est-à-dire d’un remède médical universel et cherchaient la façon de transformer des métaux vils en or.
Les poètes et l’alchimie des sentiments
Baudelaire dans Les Fleurs du Mal se souviendra de l’alchimie, notamment dans son poème « Alchimie de la douleur » :
Hermès inconnu qui m’assistes
Et qui toujours m’intimidas,
Tu me rends l’égal de Midas,
Le plus triste des alchimistes ;
Hermès renvoie ici au dieu égyptien et Midas est une référence à un mythe grec, celui de l’homme qui transformait en or tout ce qu’il touchait, punition plus encore que récompense. L’alchimie est ainsi source de souffrance pour les non initiés.
Et n’est-ce pas non plus troublant de trouver bien des siècles plus tard, dans le Bestiaire de Guillaume Apollinaire, cette citation :
Admirez le pouvoir insigne
Et la noblesse de la ligne :
Elle est la voix que la lumière fit entendre
Et dont parle Hermès Trismégiste en son Pimandre.
Hermès Trismégiste y fait son retour, à la source de la parole et de la lumière que souhaite convoquer le poète. Les lignes seraient longues à écrire sur les liens qui peuvent unir Apollinaire à ce domaine.
L’alchimie épate les scientifiques
Même les mathématiciens s’en mêlent ! Comme un certain monsieur Touchard, professeur de mathématiques au lycée du Caire qui fit une étrange découverte. Le hasard lui fit rencontrer un pilote de la Royal Air Force britannique qui lui montra une photo aérienne des pyramides. Le professeur remarqua en y regardant de plus près que l’ombre des pyramides semblait indiquer quelque chose mais qu’il ne parvenait pas à le comprendre tout de suite.
C’est en creusant un peu la question, qu’il s’aperçut que les faces des pyramides n’étaient pas tout à fait planes mais légèrement convexes. Et comme par un heureux hasard, l’ombre exactement portée sur l’une ou l’autre moitié de face correspondait exactement aux dates des équinoxes.
On cria au scandale, disant que tout cela n’était que pure fantaisie. Pourtant, toujours aujourd’hui, l’état des connaissances ne permettrait sans doute pas de construire de tels ouvrages en un temps raisonnable et avec une précision qui doit sans doute peu au hasard. Les plus rêveurs invoquent l’alchimie. En restant rationnel, le mystère demeure encore entier.
L’alchimie s’invite dans les tableaux
Même l’art s’en est mêlé. Comme le peintre Salvador Dali, qui a peint en 1962 le tableau L’Alchimiste :
Qui l’observera attentivement y verra les appareils de la chimie, du domaine scientifique. Mais aussi à droite et à gauche, des personnages illustrant les symboles du bien et du mal. On y devine également des silhouettes d’hommes qui s’affairent à produire quelque chose de difficilement identifiable. Même une fourmi s’est faite sa place, insecte symbole du travail et de la minutie. Saurez-vous la trouver et faire de même lors de vos lectures pour y déceler les signes, plus ou moins visibles, de l’alchimie ?
