Bac : bilan mitigé pour une réforme ambitieuse12 min read
Reading Time: 7 minutesQuels enseignements, quel bilan pouvons-nous tirer de la session du bac 2022, à l’aune des objectifs poursuivis par la réforme du lycée et du bac ? Après deux années de crise sanitaire, l’édition 2022 fut la première à appliquer la réforme dans son intégralité. Bilan sans fioritures.
Sommaire
1 – Objectifs et principaux changements de la réforme du lycée et du bac
2 – Une réforme au bilan contrasté
3 – Être accompagné efficacement pendant sa préparation au bac
Portée et défendue par l’ancien ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, la réforme du lycée général s’inscrit dans un projet éducatif plus large. Désormais, le lycée représente la première étape d’un parcours scolaire qui va de la classe de seconde à la licence, autrement dit de Bac – 3 à Bac + 3. En découle un nouveau rôle pour le lycée : celui de permettre aux élèves de choisir leur voie dans l’enseignement supérieur afin d’arriver jusqu’à la licence (Bac +3).
Aussi, cette réforme du lycée repose-t-elle sur 3 innovations majeures : la suppression des séries, l’introduction du contrôle continu au bac et la création d’une épreuve orale au bac.
Trois ans après son entrée en vigueur et alors que la première cohorte de bacheliers estampillée « nouveau bac » fait ses premiers pas dans le supérieur, il est temps de dresser un premier bilan de la réforme Blanquer et de passer en revue les principaux constats issus du terrain.
1 – Objectifs et principaux changements de la réforme du lycée et du bac
Avant d’entrer dans le vif du sujet, petit rappel des quatre principaux objectifs poursuivis par la réforme Blanquer, dont la mise en œuvre aura, rappelons-le, largement pâti des contraintes induites par la crise sanitaire :
- mieux préparer les lycéens à leurs études supérieures ;
- proposer des parcours plus individuels et mettre fin à la hiérarchie entre les filières S, ES et L ;
- repenser le Bac pour lui redonner de la crédibilité, tout en simplifiant son organisation ;
- réduire le taux d’échec en première année du cycle licence (en 2018, plus d’un étudiant sur 2 échoue en L1).
On l’a dit, pour parvenir à ces objectifs, les filières S, ES et L ont été supprimées, les modalités d’évaluation modifiées et l’orientation renforcée. Pour les lycéens, ces changements se sont traduits par :
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La création des enseignements de spécialité (EDS) : Cette petite révolution entendait mettre fin à la hiérarchie entre les filières – les meilleurs éléments étant aimantés par l’ex-filière S, dite d’excellence, quelle que soit par ailleurs leur appétence pour les sciences ! – mais elle visait également à diversifier les parcours et les profils.
De fait, à côté des enseignements de socle commun en français, philo, histoire-géo, langues vivantes, matières scientifiques et sport, les lycéens doivent désormais choisir 3 enseignements de spécialités en 1re (dont seulement 2 sont conservés en terminale) parmi les 12 proposés. Dès la rentrée 2019, on dénombrait ainsi 426 triplettes différentes. C’est dire le nombre de parcours possibles !
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la mise en place du contrôle continu: fini le « bachotage », place au travail régulier ! Du moins, tel était l’objectif recherché par l’introduction du contrôle continu, à hauteur de 40% de la note finale.
Pour autant, les épreuves finales de juin n’ont pas complètement disparu et représentent 60% de la moyenne au bac. En 1re, les lycéens passent toujours l’écrit et l’oral du bac français ; quant aux terminales, ils se confrontent aux épreuves de spécialité, de langues vivantes, à la célèbre dissertation de philo ainsi qu’au Grand oral, autre innovation de cette réforme.
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une orientation renforcée : si l’on en croit les textes, 54 heures sur l’année sont dévolues au projet d’orientation (découverte des études supérieures et du monde professionnel, participation à des événements, etc.). Mais on n’est pas obligé de croire les textes !
Aucun changement en revanche côté options, mentions au bac, moyenne minimum de 10/20 pour son obtention, ou encore session de rattrapage en septembre.
2 – Une réforme au bilan contrasté
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Un bac « à la carte » ?
Avec la fin des filières et la création de 12 EDS, l’objectif était clairement d’offrir aux lycéens plus de possibilités d’orientation, tout en leur permettant d’approfondir les enseignements choisis et d’arriver ainsi mieux affûtés dans le supérieur. Dans cet esprit, le nouveau bac s’est également doté de nouvelles spécialités, n’existant pas auparavant. Ainsi en est-il par exemple des « sciences de l’ingénieur » ou de « l’éducation physique, pratiques et cultures sportives ».
Et force est de constater que près de la moitié des lycéens a joué le jeu, en choisissant, en 1re, des triplettes qui ne correspondaient pas aux anciennes filières ; quand 20% des élèves de terminale ont choisi d’associer les humanités ou les arts à des enseignements scientifiques, s’éloignant ainsi des profils type S, ES ou L.
Reste que l’immense majorité s’est orientée vers des choix plus « classiques » puisque 80% des lycéens sont répartis sur 15 triplettes…sur les 426 possibles ! Et sans grande surprise, les 3 EDS figurant sur les marches du podium sont : maths, physiques-chimie, et SES. Ça ne vous rappelle rien ?
Autre observation, plus inquiétante cette fois : la chute du nombre d’élèves optant pour les maths en 1re et terminale. La rentrée 2022-2023 sera particulièrement intéressante de ce point de vue, avec l’aménagement opéré par la rue de Grenelle. En effet, suite aux nombreuses critiques émises sur cette « disparition » inquiétante, les élèves qui n’auront pas choisi la spécialité « maths » pourront, dès cette rentrée, opter pour une option maths. À raison d’1h30 par semaine en classe de 1re, elle se rajoute à l’enseignement scientifique de tronc commun. Le but étant de consolider la culture mathématique et les bases nécessaires, d’appréhender la pertinence des démarches mathématiques et d’acquérir des notions fondamentales au quotidien.
Enfin, comment ne pas évoquer l’offre inégale des enseignements de spécialité sur le territoire national, et plus particulièrement dans les lycées français de l’étranger (LFE) ?Comment expliquer qu’il y ait trois fois plus de combinaisons proposées dans l’académie de Versailles que dans celle de Corse ? Qu’au mieux, la plupart des lycées français de l’étranger proposent 8 des 12 spécialités ? Tout simplement parce que la réforme est complexe, que sa mise en œuvre demande des ressources dont ne disposent pas souvent les petits établissements ou les LFE, que leurs effectifs sont parfois insuffisants pour décider d’ouvrir ou non une spécialité ou une option. Il est vrai qu’afin de « rendre accessible, à une distance raisonnable, l’ensemble des spécialités pour que chaque lycéen puisse réaliser le parcours de son choix », des conventions entre lycées ou avec des services de transport ont été signées mais elles n’ont concerné que 4 000 élèves soit à peine 0,4% des effectifs. C’est dire si on est loin du compte !
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Le contrôle continu : une fausse bonne idée ?
Sur le principe, pas grand-chose à redire. Avec le « nouveau bac », l’idée est de mettre fin au « bachotage » des épreuves, au profit d’un travail constant et régulier. Et pour être sûrs que l’idée soit bien comprise, 40% de la note finale reposent désormais sur le contrôle continu. Ce qui n’a pas manqué de susciter, dans la pratique, mécontentements et angoisses, tant auprès des profs que des élèves.
Conscients que chaque évaluation en classe compte désormais pour l’obtention du fameux sésame, les lycéens ont le sentiment de devoir performer au quotidien. Ce qui, selon de nombreux témoignages d’enseignants, peut avoir pour fâcheuse conséquence de transformer les salles de classe, en cours de négociations permanentes. Ambiance !
Mais au-delà d’une certaine « course à l’échalote » que peut représenter le point supplémentaire obtenu après force lamentations et moult arguments, sont apparus de vrais problèmes de calendrier.
Qui n’a pas entendu parler de Parcoursup, la plateforme d’orientation vers le supérieur, aussi célèbre qu’honnie ? Dans le cadre de la réforme, les épreuves finales de spécialité se déroulent désormais en mars, de sorte que les notes obtenues puissent être prises en compte dans le dossier Parcoursup. Or, passer des épreuves 3 mois avant la fin de l’année scolaire n’est pas sans poser de vrais soucis. A commencer par l’organisation du lycée et la progression dans les programmes pour espérer terminer à temps.
D’un point de vue pédagogique, il apparaît comme un non-sens que les programmes s’arrêtent 3 mois avant la fin des cours, précisément dans les matières, les EDS, où les lycéens sont censés recevoir les enseignements les plus approfondis. Ce qui a deux principales conséquences :
- l’acquisition partielle de la méthodologie requise, non seulement pour le bac mais plus largement pour le supérieur,
- la motivation des élèves dont beaucoup, une fois les épreuves passées, s’abstiennent d’aller en cours.
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Un manque patent d’informations sur l’orientation
On l’a dit, 54 heures étaient initialement dévolues au projet d’orientation. En principe, les élèves doivent pouvoir les utiliser pour découvrir des formations et des métiers, visiter des établissements, rencontrer des professionnels, réaliser des journées d’immersion, etc. Malheureusement, le terrain vient une fois encore contredire la théorie : pas une seule heure n’est réellement consacrée à l’orientation dans les emplois du temps des lycéens.
Au mieux, dans les lycées où la culture de l’orientation existe, les professeurs et l’équipe pédagogique vont jouer le jeu. Les 54 heures y sont exploitées au maximum et les élèves sont dotés d’une boîte à outils solide. En revanche, dans d’autres établissements, ces heures sont utilisées pour d’autres projets ou tout simplement pour avancer dans les programmes.
Pour une grande majorité des parents et des élèves, l’information reste floue, complexe et peu accessible. Mais les professeurs ne sont pas en reste, qui pointent de leur côté l’absence de formation pour les aider. Partant, difficile de faire un « bac à la carte » quand le menu est illisible.
Restons optimistes et souhaitons qu’avec les années, les nouvelles habitudes et, espérons-le, une meilleure orientation, nos futurs bacheliers connaissent mieux les choix qui leur sont proposés, qu’ils y aient largement accès et qu’ainsi, la carte du bac devienne réellement gagnante.
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Grand oral : une innovation floue et mal définie
Le Grand oral constitue l’une des grandes innovations de la réforme. Pareil intitulé d’épreuve laissait présager de beaux moments d’éloquence et de démonstration. L’objectif du Grand oral était d’inciter les lycéens à choisir un sujet sur lequel travailler toute l’année, puis être capable de le présenter de manière construite devant un jury. Lequel est composé de deux professeurs, l’un enseignant dans la spécialité présentée, l’autre est un professeur dit « naïf », qui ne connaît pas la matière et qui évalue donc le candidat sur ses seules compétences orales.
La réalité, une fois encore, se veut cruelle. L’organisation de cette épreuve a beaucoup fait parler, les professeurs la jugeant floue et “mal définie”.
A ce jour, il n’existe aucun barème concernant les attentes de ce Grand oral et aucun créneau horaire n’est prévu dans l’emploi du temps des lycéens pour sa préparation. Si certains élèves s’impliquent sérieusement, d’autres n’hésitent pas à piocher sur internet le contenu d’exposés déjà réalisés.
3 -Être accompagné efficacement pendant sa préparation au bac
Qu’il s’agisse d’acquérir la méthodologie de travail propre à chaque discipline, d’accéder à des synthèses de cours, d’approfondir certaines notions à travers des exercices pratiques et des corrections personnalisées, n’hésitez pas à découvrir nos différents modules, en français, philosophie, SES, HGSSP, physique-chimie etc.
Nous proposons des cours hebdomadaires pour un accompagnement et un suivi régulier ainsi que des stages intensifs pendant les vacances.
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