Travailler la grammaire et l’orthographe au collège4 min read
Reading Time: 3 minutesKevin Ehanno,Chef du département Lettres
Règles, exercices, manuels… autant de mots qui commencent par faire de la grammaire et de l’orthographe des connaissances rébarbatives. Et pourtant, elles peuvent nous apprendre beaucoup si on les aborde sous un autre jour. Et le collège est le lieu où ces connaissances peuvent s’épanouir.
La grammaire ou l’art de bien lire et de bien écrire
À l’origine, le mot grammaire est issu du grec ancien « grammatikè » qui désigne l’art de bien lire et de bien écrire. Ainsi, faire de la grammaire c’est d’abord réfléchir aux capacités du langage. Le collège doit être le lieu d’une exploration accrue de la grammaire et de l’orthographe. Plutôt qu’une série de normes à respecter, il faut chercher à comprendre comment naissent les règles que l’on utilise chaque jour.
Par l’observation : lire un texte pour en comprendre d’abord le sens littéral mais s’apercevoir que la syntaxe, par exemple, joue un rôle essentiel dans la clarification de la pensée. Quelle utilisation fait-on du point, de la virgule, des deux points ? Quelles conséquences sur le sens du texte peut avoir leur déplacement ou leur suppression ? Et cette gymnastique n’a pas nécessairement besoin d’un recours à l’écrit. On peut la pratiquer à l’oral et ainsi faire mûrir sa réflexion sur la langue.
Voyez-vous la différence ?
Robinson dit : “Vendredi est un sauvage”.
“Robinson, dit Vendredi, est un sauvage”.
Ou encore :
“Messieurs les Anglais, tirez les premiers !”
“Messieurs ! Les Anglais ! Tirez les premiers !”
Par la manipulation : car toute technique suppose également la pratique. Il est essentiel d’écrire souvent des textes de nature variée pour pouvoir réfléchir à la constitution de son propre langage. Il est très rare de produire un texte satisfaisant dès le premier jet. Il faut souvent le réécrire pour en reprendre la grammaire et l’orthographe. Voilà une discipline qui pose bien des difficultés mais qui ne doit pas être source de complexes !
L’orthographe ou donner du sens à la forme des mots
L’orthographe est d’abord le partage d’une culture commune sur la bonne manière d’écrire les mots. Les mots ne naissent pas de nulle part, ils ont des racines et une généalogie. Etymologiquement, «ortho-graphein» signifie écrire droit en grec ancien. On aura donc tout intérêt à s’intéresser aux origines, le plus souvent gréco-latines, des mots pour comprendre par exemple la présence d’un accent circonflexe ou encore le doublement d’une consonne.
Sauriez-vous expliquer par exemple pourquoi “trophée”, “lycée”, “musée”, “gynécée” et “caducée” font partie des seuls noms se terminant par ée et pourtant de genre masculin ? Ainsi, faire de l’orthographe c’est donner du sens à la forme des mots plutôt que de mémoriser par cœur leur graphie.
Lire et écrire en même temps
Pour devenir un bon scripteur, rien de tel que la lecture pour enrichir son vocabulaire et fréquenter le langage un peu chaque jour. Pour les classes de 6ème et de 5ème, on pourra proposer la lecture des courts romans d’Erik Orsenna La Grammaire est une chanson douce et Les chevaliers du subjonctif. Des formats ludiques et remarquablement informés qui s’adressent à un jeune public.
Et il peut être constructif aussi de se créer dès la 6ème un carnet personnel de grammaire et d’orthographe, moins pour y collectionner des règles, que pour y noter des remarques, des exemples personnels qui contribuent à une appropriation du langage.
Pour les classes de 5ème et de 4ème, on pourra conseiller la lecture du Labyrinthe d’Errare de Dominique Grandpierre. Une enquête prenante organisée comme un défi où il faut résoudre des énigmes de grammaire et d’orthographe pour pouvoir avancer.
Il est également pertinent de tenir dès le collège un carnet d’écriture où l’élève s’entraîne aux productions qui lui sont demandées pendant l’année. Les brouillons sont généralement éparpillés ou jetés. Or, les conserver, c’est pouvoir consciemment mesurer ses progrès.
Pour pouvoir progresser et s’entraîner régulièrement, des cours hebdomadaires en petits groupes peuvent être une solution adaptée et qui répond à un besoin d’individualisation.