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Oral du bac français : la question de grammaire6 min read

10 mars 2021 4 min read

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Oral du bac français : la question de grammaire6 min read

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L’oral du bac français en classe de première prévoit une question de grammaire (2 points). La question de grammaire est incluse dans les douze minutes réservées pour le temps d’exposé, en même temps que le temps de lecture (2 points) et l’explication linéaire (8 points). Mais de quelle grammaire s’agit-il ?

Du grimoire à la grammaire

La grammaire… voilà bien un mot qui fait couler beaucoup d’encre et qui est parfois source de sueurs froides ! Mais d’où vient-il ? Il vient du mot grec « grammatiké » qui désigne à l’origine l’art de lire et d’écrire. Et la grammaire n’est pas figée, elle a aussi son histoire.

Une belle obscure !

Dans l’antiquité latine, les textes étaient le plus souvent écrits en majuscules et sans espace. Ainsi, il fallait avoir une intuition de la phrase pour connaître son début et sa fin. Autrement dit, la lecture était réservée aux initiés. Voici un exemple de ce que cela pouvait donner :

question de grammaire

Un peu plus tard, au Moyen-Âge, la grammaire devient l’étude du latin principalement. Comme cette discipline était assez obscure, le langage populaire a transformé le nom « grammaire » en « grimoire », mot qui désigne un livre de magie.

Un point c’est tout !

Mais à qui doit-on l’invention des signes de ponctuation ? Sans doute à trois grammairiens qui travaillaient dans l’immense bibliothèque d’Alexandrie : Zénodote, Aristophane de Byzance et Aristarque. On leur doit notamment l’invention des trois points mais aussi du point parfait qui correspond aujourd’hui à notre point. Mais ils ne connurent pas tout de suite le succès.
Il faut attendre le IVe siècle apr. J.-C. et un certain Saint-Jérôme pour voir apparaître la ponctuation en latin. C’est au VIIe siècle que se généralisent les blancs entre les mots, sans que l’origine en soit véritablement connue.

La grammaire en forme !

La graphie a également son histoire. Je vous mets au défi de lire un texte écrit en gothique ou en wisigothique ! Encore une fois, ce sont les latins qui vont imposer des types d’écriture. La principale s’appelle la minuscule caroline. Encore aujourd’hui, votre écriture manuscrite en est l’héritière.

La minuscule caroline a permis le développement de la lecture

Une drôle d’impression

Le XVe siècle va amener un bouleversement majeur : l’imprimerie. Il faut créer des normes pour l’impression des textes et les copistes vont laisser leur place aux typographes, qui sont les spécialistes de la mise en page. Nombreux sont les traités qui vont se succéder pour proposer des codes d’écriture. Le plus célèbre d’entre eux est celui de Dolet qui généralise l’usage du point, de la virgule et des deux points notamment. Mais on trouve aussi d’autres points comme le soleil, la lune ou la petite main ! Abandonnés aujourd’hui.

Pourquoi une question de grammaire ?

S’apercevoir que la grammaire a une histoire, c’est comprendre que tous les textes ne peuvent pas s’analyser de la même façon. Par exemple, dans son manuscrit de Bordeaux des Essais, Montaigne avait écrit :

« Je ne me mesle, n’y d’ortografe, & ordonne seulement qu’ils suivent l’ancienne, ny de la punctuation : je suis peu expert en l’un & en l’autre ».

Si vous avez étudié cette année deux chapitres de Montaigne, cela se sera fait dans une orthographe modernisée. Parfois, la construction des phrases vous a paru étrange au regard de ce que vous connaissez. Il y a un vocabulaire qui a changé.

C’est sans parler de Guillaume Apollinaire qui décide peu de temps avant la publication de son recueil Alcools d’en supprimer la ponctuation ! Comment segmenter les phrases ? Quels effets cela produit-il ? Au lecteur de se frayer un chemin dans le texte !

Et la question de grammaire à l’oral du bac français ?

Non ! Ne réservez pas la grammaire pour votre question d’oral ! La grammaire est un outil indispensable pour étudier les textes, notamment pour le commentaire composé à l’écrit. Par exemple, l’emploi des temps et des modes vous délivrera beaucoup d’informations sur le ton, le point de vue d’un texte. Pensez-vous que le conditionnel exprime l’hypothèse ? Dans les textes littéraires, ce n’est pas le cas le plus fréquent. Relisez Montaigne, et vous trouverez dans son emploi bien autre chose.

« Qui aurait fait perdre pied à mon âme, ne la remettrait jamais droite en sa place ». (« Des Coches »).

Le présent ne s’emploie-t-il que dans un sens chronologique par opposition aux temps du passé ? C’est sans compter sur ses valeurs de narration ou de vérité générale.

« La prévoyance convient également à ce qui nous touche en bien, et en mal ». (« Des Coches »).

Le sel d’un texte : comment préparer la question de grammaire ?

L’étude de la grammaire, des phrases, des temps, de la ponctuation… ne doit pas être un sujet de crainte. Avec des outils simples, il s’agit de voir qu’elle vous aide à mieux comprendre un texte, à mieux en saisir l’enjeu. La parataxe, l’aposiopèse, le parallélisme ne vous disent rien ? Derrière leur apparence barbare, ces outils vous aideront à mieux saisir la force et le sel d’un texte. A vos grimoires… ou plutôt à vos grammaires !

Kevin Ehanno
Professeur de Français
Averroès e-learning – soutien pédagogique en ligne

Suivez l’activité littéraire de Kevin sous son pseudonyme Flynn Thorn sur Twitter.

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