Etienne de La Boétie : un esprit précurseur au programme de 1ère4 min read

À la rentrée scolaire 2025-2026, le programme de français en classe de 1ère s’enrichit de nouvelles œuvres de littérature d’argumentation. Parmi elles, une pièce incontournable : Le Discours de la servitude volontaire d’Étienne de La Boétie. Un texte bref mais d’une puissance toujours actuelle, qui invite les élèves à réfléchir aux mécanismes de l’obéissance et aux dérives du pouvoir.

Qui était Étienne de La Boétie ?

Né en 1530 dans le Sud de la France, Étienne de La Boétie se distingue dès ses jeunes années par sa brillante formation humaniste : il maîtrise le grec et le latin avant de poursuivre des études de droit à Orléans. Conseiller au parlement de Bordeaux, il se lie d’amitié avec Montaigne, qui lui consacrera de célèbres pages dans les Essais.
Poète et traducteur, La Boétie reste surtout connu pour son Discours de la servitude volontaire, également appelé Contr’un, rédigé alors qu’il n’avait qu’une vingtaine d’années.

Le Discours de la servitude volontaire : une œuvre fondatrice

Dans ce texte, La Boétie interroge un paradoxe : pourquoi les peuples acceptent-ils la domination des tyrans ?
Il ne donne pas toujours de réponses, mais formule une critique radicale de l’obéissance aveugle et des abus de pouvoir.
Son constat est sans appel : les peuples, par habitude ou par peur, se laissent dépouiller de leurs libertés.
Un texte audacieux qui, écrit vers 1548 dans le contexte de la révolte des gabelles, circule d’abord clandestinement avant d’être publié en 1574.

Un contexte historique troublé

La Renaissance brille par ses avancées culturelles, mais elle est traversée par de profonds conflits religieux.
L’université d’Orléans, où La Boétie étudia, fut marquée par les idées de la Réforme. Conseiller au parlement de Bordeaux, il plaida pour la tolérance entre catholiques et protestants, en vain.
En 1562, le massacre de Wassy déclenche la première guerre de religion ; La Boétie mourra un an plus tard, à seulement 32 ans, probablement de la tuberculose.

Postérité et résonances modernes

Bien que Montaigne ait minimisé la portée politique de ce « texte de jeunesse », le Discours connaît un regain d’intérêt à la Révolution française, puis au XIXe siècle avec Lamennais.
Au XXe siècle, des penseurs comme Simone Weil y voient un précurseur de la désobéissance civile.
Aujourd’hui encore, il reste une référence pour réfléchir à la liberté individuelle et à la résistance face aux systèmes autoritaires.

Ressources pour approfondir

• Littérature : Essais, Livre I, chapitre XXVII « De l’amitié », où Montaigne évoque sa relation avec La Boétie.

• Audiovisuel : la série Wolf Hall, qui illustre le contexte religieux et politique du XVIe siècle en Angleterre.

• Philosophie : lectures complémentaires sur la désobéissance civile, de Thoreau à Gandhi.

Texte exigeant mais passionnant, le Discours de la servitude volontaire au bac 2026 demande aux élèves de 1ère un effort de contextualisation et d’analyse. Il leur permet de développer une pensée critique sur l’autorité, le pouvoir et la liberté, autant de thèmes qui résonnent encore dans nos sociétés contemporaines.

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